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Jésus est-il de gauche ou de droite?

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Solène Tadié - aleteia - publié le 24/10/13
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Le Christ était-il « un socialiste du Moyen Orient » tandis que l’Eglise serait viscéralement réactionnaire ? Un débat répercuté par l’édition américaine d’Aleteia.

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Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les fondements de la philosophie politique du Christianisme, et l’on assiste souvent à des interprétations quelque peu hasardeuses de l’enseignement de la Bible. Entre ceux qui associent directement l’Église au conservatisme et ceux qui considèrent que la conception politique de cette dernière est intrinsèquement socialiste, ces débats ont le mérite d’animer et d’exalter la réflexion théologique et philosophique autour de la Bible.

« Jésus était un socialiste du MoyenOrient qui donnait à manger aux pauvres et qui préconisait un système de santé gratuit ». C’est ce tweet partagé par Candida Moss, professeur de théologie à l’Université américaine Notre Dame dans l’Indiana, qui a récemment déclenché une polémique avec le journaliste américain Bill O’Reilly, connu pour ses positions conservatrices. Invitée à l’émission de ce dernier, Moss est sans appel: « Jésus est collectiviste », affirme-t-elle, avant d’ajouter: « C’est un fait historique, Jésus a enseigné aux peuples l’idée que pour aller au Paradis, ils devaient donner tout ce qu’ils possédaient ».

Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir le polémiste, qui a alors publiquement remis en question la santé mentale de cette dernière…

Il convient dès lors d’orienter la réflexion de façon plus constructive et factuelle.

Le père Dwight Longenecker a récemment apporté sa contribution dans un article sur la question. À la lumière de deux livres fraîchement publiés, Tea Party Catholic – The Catholic Case for Limited Government, A Free Economy, and Human Flourishing de l’Australien Samuel Gregg et Writing from Left to Right: My Journey from Liberal to Conservative du philosophe américain Michael Novak, il démontre pour sa part que le conservatisme est dans une certaine mesure inhérent au catholicisme. 

Le père Longenecker a rappelé un aspect fondamental de la pensée chrétienne conservatrice, en rapportant les propos de Gregg : « La solidarité, pour l’expliquer simplement, est l’amour envers nos voisins. Nous sommes appelés à prendre soin les uns des autres en communauté. La subsidiarité est l’idée que les problèmes sont mieux résolus au niveau local. Gregg démontre que les deux principes sont nécessairement liés. La meilleure façon de s’occuper des autres se fait par le biais d’organisations locales, de communautés, d’églises, d’écoles et d’entreprises caritatives ».

Il poursuit : « Lorsque la solidarité est détruite par une conception erronée de l’individualisme, l’on commence à penser que ‘quelqu’un là-haut’ va résoudre les choses. Dès lors que nous cessons de nous préoccuper de nos voisins, nous considérons que ‘Big Brother’ va tout prendre en charge, et Gregg souligne le fait que plus nous déléguons nos responsabilités au ‘Big Government’, plus celui-ci prendra le pouvoir sur nos vies. Et quand cela se produit, nos libertés s’évanouissent et la tyrannie de l’état totalitaire nous envahit. »

De l’œuvre de Novak, le père Longenecker retient une fine analyse et une conception claire du systèmecapitaliste. En effet, Novak explique que le capitalisme fonctionne «parce qu’il est réaliste, et que l’intérêt personnel qui est le moteur du libre marché doit être contrebalancé par les valeurs morales chrétiennes. » Le capitalisme en tant que tel fonctionne, donc, mais il ne fera pas long feu s’il ne découle pas d’une vertu personnelle, avertit-il.

Enfin, Longenecker fait sienne la critique que Novak adresse à « ses amis de gauche » en leur demandant quel exemple de socialisme ils préconisent: « La Chine ? Cuba ? L’Albanie ? La Suède ? La Russie ? Ils restent muets. Il constate que le socialisme n’est autre qu’une utopie, qui devient d’abord une affreuse idéologie, puis une idéologie meurtrière ».

Un message clair, que Bill O’Reilly pourrait soumettre à Candida Moss, pour poursuivre le débat. Ce point de vue n’est du reste pas sans rappeler la « parabole des talents », qui illustre la volonté de Dieu pour les individus de ne pas gâcher les dons qu’ils ont reçus de Lui et qu’ils se rendent utiles. Jésus attend plus de la part du plus compétent, mais attend aussi la mobilisation de celui qui peut moins, le devoir de l’individu étant de tirer le meilleur parti de ce que Dieu lui donne.

L’on retrouve un autre bel appel à la responsabilité individuelle dans les mots de Jérémie : « Chacun mourra pour sa propre faute. Tout homme qui aura mangé des raisins verts, ses propres dents seront agacées. » (Jr 31:30)

Ézéchiel développe ce principe au chapitre 18 de son livre: « Quiconque est juste, pratique le droit et la justice, […] donne son pain à celui qui a faim et couvre d’un vêtement celui qui est nu, ne prête pas avec usure, […] se conduit selon mes lois. »

Prenons garde toutefois à ne pas sombrer dans l’anachronisme en voulant rapprocher enseignements bibliques et idéologie politique. Et s’il est certain que l’Évangile n’est en rien réductible à un clivage politique, il n’en demeure pas moins que certaines valeurs sont intemporelles.

Le Christ a bien dit à ses disciples : « Il y aura toujours des indigents dans le pays. C’est pourquoi je donne ce commandement : Tu ouvriras ta main à ton frère, au pauvre et à l’indigent dans ton pays» (Deutéronome 15:11)… Tout comme saint Paul a averti les Thessaloniciens (3:10) : « si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus ».

La création de richesses va de pair avec le service envers les autres et envers Dieu par le biais de la philanthropie, car « nous sommes tous membres les uns des autres » (Ro 12 :5).

 

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