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Repos du dimanche : une digue d’humanité

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Pierre Amar - Padreblog - publié le 01/10/13
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Si cette digue imposée à la puissance économique était rompue, nous en serions tous victimes, avertit le Père Amar.

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         Le « dimanche pour tous » sera-t-il le nouveau combat de cette rentrée ? De nombreuses enseignes commerciales bravent la loi et ouvrent le dimanche, en dépit de lourdes amendes. Des salariés sont mêmes volontaires pour travailler ce jour-là. Les débats sont vifs et dépassent les clivages habituels. Mais notre société n’a-t-elle plus besoin d’une halte hebdomadaire la plus partagée possible afin que la vie ne se réduise pas à produire et consommer ?

Certains se souviennent peut-être qu’effectuant un dimanche une visite à Paris, Michelle Obama s’était fait ouvrir rien que pour elle les étalages d’un grand magasin de la capitale. L’enseigne parisienne s’était fait ce matin-là une belle publicité. Mais personne ne connaîtra par contre la réaction de la vendeuse à charge d’enfants qu’il avait fallu convoquer (et séance-tenante) en plein repos familial. A faire croire qu’à l’heure de l’humanisme nous sommes tous obligés d’adhérer au système ultra-libéral sous peine d’encore passer pour des rétrogrades !

Humanisme

C’est bien sur ce créneau-là qu’il faut rester : parce que le repos dominical est une digue d’humanité. Ce n’est pas d’abord un sujet confessionnel, celui de sanctifier le jour du Seigneur (même si on est pour, hein ?), car force est de constater qu’une fois de plus, l’Eglise ne défend pas ici son intérêt mais le bien commun.

Pourquoi donc il y a-t-il si peu de voix pour défendre les joies familiales et sociales qui viennent se nicher dans le dernier créneau de gratuité préservé par la loi ? Oui au repos dominical pour tous ! Si la digue saute, le verrou jusqu’ici imposé à la puissance économique fera de nous tous des victimes. Il nous faut un « jour off » pour rendre visite à des voisins ou des parents, taper dans un ballon, jouer aux cartes, aller courir, lire un bouquin, vivre un engagement associatif, prier … bref, un espace de gratuité pour rappeler que l’homme ne se réduit pas à sa capacité de production ou de consommation.

Le rôle de l’Etat

L’Etat doit être le garant de cet espace-là. Il doit même veiller, pour le bien de tous, à ce qu’il soit respecté. On sait d’ailleurs qu’il a déjà encadré quelques exceptions, sans oublier bien sûr ceux qui sont d’astreinte et se dévouent au service de leurs contemporains … à commencer par les curés ! On ne peut pas non plus oublier ceux qui n’ont pas le choix et qui doivent absolument gagner davantage pour « tenir ». Ils sont de plus en plus nombreux … Sur le court terme, on ne peut que les comprendre et même reconnaître leur courage. Mais l’Eglise et ses pasteurs doivent aussi continuer d’alerter les consciences : quelle société voulons-nous ? Ce qui est en jeu sur le long terme va plus loin qu’un simple dépannage et touche aux modèles que nous voulons promouvoir.

Un nouveau choix de société nous est encore proposé. Le repos dominical a façonné notre culture. Il est le fruit d’une sagesse profonde et ancienne qui dit quelque chose de l’homme. On ne peut tout de même pas bousculer tout cela sans crainte !

Il ne faut pas se le cacher : la crise actuelle a donné à notre politique du « tout économique » un sérieux avertissement. Quand allons-nous donc ouvrir les yeux ? Le paradoxe est que cette question du repos dominical – qui n’est ni plus ni moins que la partie visible de l’idéologie ultra-libérale – soit posée à une majorité socialiste. Une idéologie qui consisterait à faire croire que l’homme pourrait mieux vivre en reportant ses courses au dimanche.

Sur ces questions d’humanité, la France a une belle tradition politique et est écoutée par le concert des nations. Ne peut-on pas penser qu’elle s’honorerait en invoquant les droits de l’homme dont elle est si prompte à se faire l’avocate ? Elle gagnerait même en respect et en attention si elle interrogeait le monde : « pouvons-nous rester des hommes et pas des caddies ? Consommer est-ce exister ? ». On l’aura compris : on nous promet un progrès alors qu’il s’agit d’une régression. L’idéologie du travail le dimanche n’est pas humaine, elle n’est donc pas acceptable. Encore moins pour un chrétien qui sait que le dimanche est le jour où le Christ est ressuscité, et donc le jour de la vie par excellence[1] ! Un jour à contempler comme un espace de gratuité suprême car le Dieu fait homme en profite pour se donner lui-même à tout son peuple dans l’Eucharistie.


[1] Dans son homélie aux JMJ de Cologne (2005), le pape Benoît XVI avait merveilleusement développé ce thème du dimanche comme un jour « différent ». A une époque où les différences sont si respectées et revendiquées, n’y a-t-il pas là une nouvelle vigilance à observer ? Le dimanche : un jour pas comme les autres, qui me permet de me tourner vers les autres et vers l’Autre ! Un texte à relire.

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