14 enseignes Castorama et Leroy-Merlin provoquent un vaste débat sur le travail dominical en ouvrant le dimanche malgré la loi.
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Une question qui divise la classe politique, à droite comme à gauche. Dès lundi matin, le Premier Ministre annonçait une réunion à Matignon sur ce thème épineux pour « faire évoluer les choses », affirmait Marisol Touraine ce dimanche sur France 5. Mais pour le ministre du travail, c’est non : « pas question » de toucher au « principe du repos dominical », a-t-il affirmé juste avant la tenue de cette réunion.
Pour Michel Sapin, c’est plus la loi qui pose problème : « le sujet n’est pas le travail du dimanche », mais « comment on met fin aux incohérences législatives et parlementaires de la loi de 2009 ». Cette loi « ouvre sans l’ouvrir », « il faut qu’on clarifie cela », a-t-il affirmé.
Ce que confirme l’Eglise de France qui, par la voix de son porte-parole Mgr Podvin, évoque une législation « très complexe », voire « incompréhensible » et invite à une « réflexion de fond » sur le sujet. « Même si la crise économique frappe durement, il ne faut pas que l’économie ait le dessus sur notre équilibre global », affirme Mgr Podvin sur BFMTV.
Le dimanche « a une valeur spirituelle mais aussi une valeur d’équilibre pour l’être humain », ajoute-t-il. « C’est un ressourcement qui n’est pas seulement religieux, c’est un ressourcement général, pour la famille, pour la culture, pour toutes les relations. C’est un point d’équilibre pour toute la société ». Banaliser le dimanche, souligne-t-il, c’est donner raison « à l’économie et à la consommation sur l’être humain ».
Du côté des syndicats, la CFTC s’oppose aussi à la remise en cause du travail dominical. « Le travail le dimanche est destructeur d’emplois, de vie sociale, de vie associative et de vie spirituelle », affirme à La Croix Joseph Thouvenel, Vice-Président confédéral de la CFTC.
Avant toute nouvelle décision, la CFTC demande aussi une étude d’impact portant notamment sur l’emploi ; les conséquences sur la vie des salariés concernés et de leur famille ; les répercussions sur le commerce de proximité ; la portée de l’ouverture en terme de développement durable (consommation énergétique et rejets de polluants).
Pour Alexandre Delaigue, professeur d’économie à Saint Cyr, ce sujet-débat apparaît « comme une diversion », car on n’observe pas « d’effet important de l'extension de l'ouverture des commerces » le dimanche. « Les quelques gains d'emploi observés sont le plus souvent accompagnés de hausses des prix de vente; au bout du compte, les consommateurs paient pour avoir des commerces ouverts plus longtemps ».
« On n'aime rien tant en France que se lancer régulièrement dans les mêmes débats dont la passion est inversement proportionnelle aux enjeux », affirme-t-il encore. La preuve… au temps du curé d’Ars (1786-1859), ce sujet était déjà d’actualité :
« Oh! comme il se trompe dans ses calculs, celui qui se démène le dimanche avec la pensée qu’il va gagner plus d’argent ou faire plus d’ouvrage! ». « Que vous revient-il d’avoir travaillé le dimanche ? »… « Mes frères, il faudrait mourir le dimanche et ressusciter le lundi. Le dimanche, c’est le bien du bon Dieu ; c’est son jour à lui, le jour du Seigneur. Il a fait tous les jours de la semaine ; il pouvait tous les garder, il vous en a donné six, il ne s’est réservé que le septième ; il veut qu’en ce jour, vous ne travailliez nullement, pas plus que si vous étiez à l’agonie. De quel droit touchez-vous à ce qui ne vous appartient pas ? Vous savez que le bien volé ne profite jamais. Le jour que vous volez au Seigneur ne vous profitera pas non plus. Je connais deux moyens bien sûrs de devenir pauvre : c’est de travailler le dimanche et de prendre le bien d’autrui. Vous avez travaillé en ce saint jour ? Donnez aux pauvres une aumône qui surpassera le profit que vous aurez fait ».