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Coup de chapeau aux mères courage !

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Marco Pozza - Sulla Strada di Emmaus - publié le 26/09/13
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Mamans de délinquants, d’assassins, de voleurs, de pédophiles, d’infâmes … elles font face. Le Pape les regarde et rêve d’une Eglise qui leur ressemble.

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     Leurs visages sont partout: dans les salles d'accouchement des  maternités comme dans les misérables rues de perdition; dans les cérémonies des jours de fête  et dans les complaintes mélancoliques des jours de deuil; devant les chambres nuptiales comme devant les barreaux de prison de leur pays. Cette présence des mamans est une présence embarrassante: elles prêtent leur utérus pour donner naissance à la vie, comblent les espaces que les hommes abandonnent, s’habillent de lumière pour éclairer les ténèbres: elles savent rester debout quand, tout autour, la terre tremble.
 
Leur force est une force mystérieuse, indicible, quasi divine: il faut avoir du cran pour arracher la vie aux gueules terrifiantes de tant de morts, quotidiennement. Pourtant elles ne lâchent pas prise, jamais : elles frappent, recommencent, insistent, s’égosillent, tâtonnent et chuchotent jusqu’à en perdre la voix et sécher leurs larmes. Elles possèdent charme et séduction, joie et insouciance, jovialité et enthousiasme à revendre. Mais elles ont très peu de mémoire : oubliant facilement, surtout les chutes de leurs amours. Un “défaut de fabrication” qui est resté leur marque la plus rassurante : oubliant facilement, repartant de zéro, tout aussi facilement. Tels des amants oublieux de tout et des séductrices invétérées.

Cette semaine, j’aurais voulu être mère pour savourer les douces paroles d'un pape extraordinaire. Il les a sorties des oubliettes de l’histoire, les a tissées en tendres paroles, les a ramenées au centre. Et après avoir contemplé la splendeur  de leur regard, il s’est laissé aller à célébrer leur visage: « Etre mamana dit François dans sa catéchèse du mercredi 17 septembresignifie faire face, pour ses enfants ». Ensuite il est allé chercher ces pauvres femmes, prostrées devant les barreaux de prison, chantant le hasard de leur présence: « Je pense aux mamans qui souffrent à cause de leurs enfants qui sont en prison ou dans des situations difficiles : elles ne se demandent pas s’ils sont coupables ou pas, elles continuent de les aimer et, souvent, elles subissent des humiliations mais elles n’ont pas peur, elles ne cessent pas de se donner ».
 
Il faut du cran pour être mère, mais il en faut aussi tout autant au Pape pour parler précisément de ces femmes et les citer en exemple. Dans les rues du village, souvent ce ne sont plus seulement  les mères que l’on connaît, mais la  « mère du délinquant, de l’assassin, du voleur, du pédophile, de l'infâme ». On les voudrait vêtues du deuil de la honte, à l’étroit dans l’asile de nuit, cachées pendant les fêtes. Au contraire, elles repartent de bon matin: vous les voyez chancelantes,  alourdies sous le poids des ans et des pensées, les yeux ensommeillés, les jambes enflées. Pourtant le visage est le même: celui du jour lointain où le premier vagissement a empli de joie les pièces de la maison. Leur visage est l’un des visages les plus rayonnants de l’amour de Dieu.

Dans la Bible, les femmes sont partout, de la Genèse à l'Apocalypse. Dans la vie du Christ, elles règnent partout : de Nazareth au Golgotha, jusqu’au sépulcre trouvé vide, en ce premier matin. Elles sont là, hier comme aujourd’hui: les accents changent, les traits évoluent, les modes vestimentaires se succèdent, mais leur visage reste toujours à  disposition. De leurs enfants, surtout, qui ont trahi ce visage, l’ont raillé, peut-être même méprisé outrageusement. Rien ne peut les arrêter, pas même les gestes fous de désespoir humain : elles sont mères, et c’est assez pour qu’elles se souviennent que leur seule présence est porteuse d’espoir et de lumière.
 
François, même Pape, les regarde et rêve d’une Eglise qui leur ressemble, qui sache faire face pour ses enfants les plus turbulents. Moi, qui ne suis pas Pape, je regarde tous les matins ces femmes postées à l’extérieur de la prison. Je les regarde et je ressens un peu de jalousie: car il y a des jours dans ma vie où “faire face” est une entreprise risquée. Pour elles, en revanche, c’est leur ordinaire.
 
Chapeau, les mamans !

Article traduit par Elisabeth de Lavigne

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