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Quelles sont les vraies raisons de la renonciation de Benoît XVI ? Une dépêche de l’agence Zenit suscite de nombreux commentaires. Bobards ou pas ? (*) Tentons d’y voir clair.
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Dans cette dépêche du 21 août, Salvatore Cernuzio fait état de ce qui serait la vraie raison du départ de Benoît XVI : son « désir absolu » de vivre « un cœur à cœur avec Dieu ».
De fait, depuis sa renonciation, le Pape émérite vit quasiment cloîtré dans le monastère Mater Ecclesiae dans l’enceinte du Vatican, à l’exception notable de son aller-retour à Castelgandolfo, dimanche dernier (cf. Zenit du 19 août 2013). Il ne fait pas de déclaration et ne participe à aucun évènement public. Toutefois, il continue de recevoir quelques personnes, qu’on suppose être des intimes.
C’est à l’une d’elles qu’il aurait confié en quelques phrases la raison profonde de son départ, et ce confident en aurait livré la teneur à l’agence Zénit.
On reste un peu perplexe devant ce qui ressemble à une double indiscrétion, à moins naturellement que le prédécesseur du pape François ait souhaité ou permis que cette information soit divulguée.
Sur le fond, elle n’a cependant rien d’invraisemblable. Benoît XVI est assurément un grand mystique chez qui s’équilibrent merveilleusement foi et raison. Il aurait d’ailleurs précisé à son mystérieux interlocuteur que cette « expérience mystique » n’était pas une apparition ou quelque phénomène surnaturel, mais un désir du cœur, qui aurait grandi au long des mois au point de devenir un véritable appel : celui de vivre désormais un cœur à cœur prolongé avec Dieu dans la prière.
Enfin, précise encore l’agence Zénit, « Benoît XVI aurait aussi révélé que plus il constatait le charisme du pape François, plus il comprenait combien cette démission avait correspondu à la volonté de Dieu ».
Bien entendu, nombre de médias ont fait de la surenchère sur cette information assez sensationnelle. Pour The Guardian, par exemple : « Le prédécesseur du pape François rompt le silence pour contredire l’explication qu’il avait donnée aux cardinaux lorsqu’il a renoncé à sa charge. » Bref, le pape aurait raconté des bobards aux cardinaux et à ses collaborateurs le 11 février dernier en arguant de sa fatigue et de son âge pour « démissionner » !
Et The Gardian d’ajouter quelques épices pour relever le plat :
« Les spéculations allèrent alors bon train sur une éventuelle dépression du Pape après l’affaire Vatileaks dans laquelle était impliqué son majordome Paolo Gabriele en qui il avait confiance. La presse italienne avait prétendu qu’il avait été très affecté par l’existence d’un lobby gay au sein du Vatican ».
Dans l’édition italienne de Aleteia, Lucandrea Massaro remet les choses en place :
« Le pape Benoît est un théologien d’une grande finesse qui pèse ses mots, à la différence de nombreux commentateurs (catholiques ou pas), et qui sait bien que la “mystique” et la “conscience” ne sont pas choses à prendre à la légère, mais des expériences et des concepts qui renseignent la vie spirituelle de la catholicité.
Beaucoup de papes de l’époque contemporaine, de Léon XIII à Jean Paul II, ont vécu des expériences mystiques importantes, relatées et attestées par des sources dignes de foi ; signe évident qu’en devenant évêques de Rome, ils sont devenus des hommes ” choisis ” qui ont une relation intime avec Dieu, des personnalités humbles qui reconnaissent le primat du Christ et se mettent à son écoute, comme le rappelle justement Antonio Socci sur son blog (Lo Straniero, 21 août). »
Parce que la mystique authentique (qui naturellement peut culminer dans des expériences d’extase ou dans des visions comme l’histoire des saints nous l’enseigne) ” indique l’action de Dieu qui prend l’initiative et provoque, autrement dit appelle en avant, sa créature: toute la vie chrétienne, au sens strict du terme, est mystique depuis le Baptême, et marque la présence de Dieu Trinité dans la vie de la créature ”, comme l’explique le théologien Gianni Gennari (Vatican Insider, 22 août) ».
Quant à la prétendue « contradiction » entre cette confidence du pape émérite et ce que Benoît XVI a dit aux cardinaux pour expliquer sa renonciation, il suffit pour la lever de relire les paroles prononcées par le Pape ce fameux 11 février, paroles qu’il a répétées en substance devant tous les fidèles rassemblés pour son dernier angelus public, le dimanche 24 février, quatre jours avant son départ effectif :
« Le Seigneur m’a appelé à ‘monter sur la montagne”. Chers frères et sœurs, je sens que cette Parole de Dieu m’est tout particulièrement adressée, en ce moment de ma vie. Merci ! Le Seigneur m’appelle à cette «ascension du mont», à me consacrer encore davantage à la prière et à la méditation. mais ceci ne signifie pas abandonner l’Eglise, au contraire », a-t-il confié, juste avant la récitation de l’Angelus. « Si Dieu me demande cela c’est précisément pour que je puisse continuer à la servir dans ce même dévouement et ce même amour avec lesquels j’ai cherché à le faire jusqu’à maintenant, mais de manière plus adaptée à mon âge et à mes forces. Invoquons l’intercession de la Vierge Marie: qu’elle nous aide tous à suivre toujours le Seigneur Jésus, dans la prière et dans la charité des œuvres. ».
Force est de constater la cohérence de ces propos avec les récentes confidences rapportées par Zénit -ce qui ne suffit certes pas pour prendre celles-ci comme “paroles d’Evangile” ! (Un commentateur aussi autorisé que le journaliste-écrivain allemand Peter Seewald, interviewer privilégié de Joseph Ratzinger, joint par l’agence Cath.net , vient de qualifier de “stupidités et inventions” ces prétendues “confidences”).
Confidences ou pas, une chose est sûre. Toute la vie de Joseph Ratzinger est celle d’un homme de foi et d’un serviteur qui dit au Seigneur : « Parle, ton serviteur écoute » (I Samuel, 3,10). Reconnaissant la voix de Dieu au fond de sa conscience (1) et discernant sa volonté à travers les événements du monde et de sa propre vie, le Pape parvenu au soir de sa vie a encore répondu : « Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté » (Psaume 39). Ainsi Dieu a-t-il pu agir avec puissance, en renouvelant la vocation sacerdotale de Benoît XVI pour le plus grand bien de toute l’Eglise.
1) La conscience est le lieu dans lequel “la voix de Dieu résonne dans l’intimité du cœur … ” (Gaudium et spes, n° 16).
* Finalement, bobard ! « Cette histoire a été inventée de A à Z. Rien n’était vrai » a affirmé le 24 août sur le chaîne de télévision italienne Canale 5 Mgr Georg Gänswein, secrétaire personnel de Benoît XVI (cf Catholic News Service )