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Egypte : guerre civile et pogroms contre les chrétiens

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Philippe Oswald - publié le 17/08/13
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Alors que l’Egypte s’enfonce dans une guerre civile qui aurait déjà fait plus de 800 morts, les chrétiens sont victimes de pogroms.

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 Le pape François suit « avec une inquiétude croissante les graves informations qui arrivent d'Égypte » , rapporte Radio Vatican  citant un communiqué de la salle de presse vaticane. Le pape « continue à prier pour que cesse la violence et que les parties en présence choisissent la voie du dialogue et de la réconciliation », poursuit la déclaration.

Celle-ci est intervenue samedi matin alors que la police égyptienne assiégeait une mosquée du Caire où s’étaient retranchés de nombreux manifestants islamistes qui en ont été évacués de force. Au total, le nombre des victimes depuis mercredi dernier dépasserait les 800 morts, en majorité des pro-Morsi.

Mais les mêmes se font bourreaux des chrétiens (coptes principalement) dont ils brûlent systématiquement les églises et institutions, ainsi que leurs commerces ou leurs demeures après les avoir pillés dans au moins 10 des 27 provinces d’Egypte.

 « On peut parler de pogroms », estime Sophie Caillat dans Rue89 : « Depuis que leur pape, Tawadros II d’Alexandrie, a affiché son soutien au général al-Sisi lors du renversement début juillet du Président islamiste Mohamed Morsi, les Frères musulmans les tiennent pour coresponsables du coup d’Etat. »

De toute façon, les islamistes ne tolèrent pas l’existence de cette communauté qui représente entre 5% et 10% de la population et dont les racines en Egypte sont bien antérieures à l’islamisation du pays. Les vexations ou agressions ponctuelles et récurrentes dont ils sont victimes se sont muées en un raz-de-marée de haine.

Pogroms, c'est bien le mot, approuve la blogueuse Nystagmus qui se fâche contre les commentateurs qui persistent à évoquer des « représailles » contre les chrétiens et parlent de « heurts interconfessionnels » :

« Ce qui se passe aujourd'hui en Egypte, ce ne sont pas des "représailles", ce ne sont pas des "heurts interconfessionnels", ce sont des pogroms (…) Une soixantaine (liste visible sur le Blog Copte) d'églises attaquées, brûlées dans tout le pays. Le pape des coptes, Tawadros II, menacé de mort, bien qu'il ait supplié ses ouailles de ne pas répondre à la violence – ce qu'elles ont fait.

Des dizaines de commerces appartenant à des coptes saccagés, leurs propriétaires battus. Des écoles chrétiennes détruites. Des enfants tués.

L'Egypte n'a pas le monopole de la pudeur journalistique. Partout où des gens se font tuer pour nulle autre raison que d'être chrétiens, le refrain du virus des "violences interreligieuses" revient. Au PakistanAu Nigeria. Si les chrétiens ne sont pas les seules victimes de cette étrange épidémie (les Rohingyas musulmans de Birmanie peuvent en témoigner, eux qui se font atomiser par des bouddhistes), ils sont très largement représentés.

La vérité est qu'aujourd'hui, en Egypte, les chrétiens se font éliminer de façon ouvertement planifiée par les islamistes, même si certains musulmans ont le courage de leur porter secours.
Ce n'est pas le dire qui est criminel, c'est de le taire. »
 
Si ce déferlement contre les chrétiens n’a pas encore suscité de réaction du gouvernement français, l’ONU s’en est émue par les voix d’ Adama Dieng, conseiller spécial de Ban Ki-moon sur la prévention du génocide, et Jennifer Welsh, conseillère spéciale sur la responsabilité de protéger. Ces deux hauts responsables ont demandé aux autorités égyptiennes de mener « une enquête rapide, indépendante et efficace sur les événements tragiques du Caire et les attaques contre des minorités et institutions religieuses », comme l'a rapporté Aleteia dans une précédente revue de presse.

Plus remarquable encore, d’autant qu’elle a été retransmise en direct à la télévision d'Etat égyptienne le 16 août,  l’intervention en faveur des coptes du grand imam d'Al-Azhar, la plus haute autorité de l'islam sunnite.  Pendant son prêche du vendredi, il a condamné "avec force" les attaques contre des églises chrétiennes et « la persécution visant les coptes.»
 
  Mgr Kyrillos William Samaan, évêque copte catholique d'Assiout, en Haute-Egypte, lui a fait écho en soulignant que durant les attaques contre les églises chrétiennes, à Assiout comme à Minya ou à Sohag, 
« des musulmans sont intervenus, cherchant à empêcher les émeutiers, parce que ceci est le vrai sens de la foi, c'est la vraie Egypte, chrétiens et musulmans unis ! »

Quant aux autorités égyptiennes, elles ont assuré samedi que les membres des Frères musulmans, la confrérie du président déchu Mohamed Morsi, n'ayant pas commis de violences pourraient participer à la transition dans le pays. Mais le Premier ministre Hazem Beblawi a assuré qu'il n'y aurait "pas de réconciliation avec ceux qui ont du sang sur les mains et ont violé la loi ». rapporte encore Radio Vatican.
 
 
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