Sur le blog de Jacques Gauthier, ce témoignage indirect sur une grande figure de l’Eglise au Canada et en Terre Sainte.
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Mon oncle Claude Héroux est père franciscain. Âgé de 95 ans, il réside maintenant à l’infirmerie des Franciscains à Montréal. C’est par lui que j’ai connu le "bon père Frédéric". Quand j’étais petit, on partait en auto de Grand-Mère pour visiter le frère de ma mère chez les Franciscains à Trois-Rivières. Je lui demandais souvent si je pouvais aller voir le père Frédéric à la Crypte située sous la chapelle Saint-Antoine, devenue le musée du père Frédéric Janssoone. Le père responsable de la Crypte m’amenait alors avec lui et il me parlait avec enthousiasme du père Frédéric.
En entrant dans ce lieu béni, c’était comme si l’Évangile s’ouvrait sous mes pieds. J’étais fasciné par les objets ayant appartenu au vénérable père, j’étais surtout touché par sa vie évangélique et pauvre, son grand amour de Jésus et des malades, son humilité joyeuse. Devenu grand, que de fois j’ai prié à son tombeau, lui demandant d’être un ami de Jésus comme lui, de parler de son amour partout. Ce fut une grande grâce dans ma vie de rencontrer tout jeune un saint si attachant, plein de bonté, mon premier "fou admirable".
Apôtre infatigable au cœur de feu, le « bon Père Frédéric » se situe dans la lignée d’un François d’Assise. Il est né le 19 novembre 1838 à Ghyvelde, au nord de la France. À la mort de son père, il quitte les études afin d’aider sa famille. Il travaille pendant sept ans comme commis-voyageur pour un négociant d’étoffes. À la mort de sa mère en 1864, il peut enfin se consacrer à Dieu. La pureté de la tradition franciscaine l’attire chez les Franciscains de la branche espagnole restaurés en France. Prêtre à 32 ans, il devient aumônier militaire et vicaire custodial en Terre Sainte. Il bâtit des églises, inaugure le chemin de croix sur la Via dolorosa, à travers les rues de Jérusalem, prêche lui-même une dizaine de fois le chemin de croix du vendredi-saint.
Frédéric est envoyé au Canada comme délégué en faveur des œuvres des Lieux Saints. Il fait une impression profonde chez les gens qui l’entendent. Fondateur et responsable du Commissariat de Terre Sainte au Canada, il prêche un peu partout au Québec. Il est l’un des trois témoins du miracle de la Vierge qui ouvrit les yeux pendant une dizaine de minutes lors de l’installation de la statue de Notre-Dame au Cap-de-la-Madeleine.
Le père Frédéric devient le premier directeur des pèlerinages du Cap-de-la-Madeleine, de 1888 à 1902. Il fonde la revue Les Annales du Très Saint Rosaire (aujourd’hui Revue Notre-Dame-du-Cap). Il suggère que les Oblats de Marie Immaculée soient gardiens du Sanctuaire du Cap.
Il mène une activité débordante : prédications de la parole de Dieu dans les paroisses, tournée de catéchèses et missions populaires, visites et fondation de Fraternités de l’Ordre Franciscain Séculier. Il laisse aussi plusieurs écrits. Il va passer les vingt-huit dernières années de sa vie au Canada où il est reconnu comme un saint par tous. Il est emporté par un cancer le 4 août 1916, non sans avoir touché des milliers de fidèles par sa foi profonde et sa dévotion affectueuse pour la personne de Jésus. Il est béatifié par le Jean-Paul II le 25 septembre 1988.
Je me souviens d’une toile à la Crypte qui montre frère André et père Frédéric ensemble. Je suis encore touché par la chaleur qui se dégage de ce tableau comme si un feu les brûlait de l’intérieur. Les deux religieux ont partagé et prié ensemble à quelques reprises. Du Sanctuaire du Cap-de-la-Madeleine à l’Oratoire Saint-Joseph, c’était le même Seigneur qu’il servait. J’espère qu’un jour le bienheureux père Frédéric sera aussi canonisé. Son ami pourrait bien lui donner un coup de pouce. Mais le père Frédéric est bien capable de se débrouiller tout seul. Il est déjà actif dans la communion des saints, si on se fie aux nombreuses personnes qui sont réconfortées par son intercession.