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Lucinda Creighton savait les conséquences qui l’attendaient en votant contre la loi sur l'avortement défendue par le gouvernement auquel elle participe. Mais elle l’a fait et ne ressent « ni rancœur, ni amertume », seulement une grande tristesse car elle aimait son travail !
Lucinda Creighton est une jeune femme de 33 ans. Elle est irlandaise et occupait depuis deux ans le poste de secrétaire d’Etat aux affaires européennes dans son pays. Etoile montante de son parti, le Fine Gael, dont elle est maintenant exclue, elle a préféré démissionner plutôt que de voter, comme l'y obligeait son statut, pour une loi autorisant l’avortement. Une loi, a-t-elle déclaré à l'Irish Independent, « contraire à un engagement pris aux dernières élections, à une promesse faite, une promesse fondamentale, sur l'avortement. ».
«J'ai simplement pensé que nous ne pouvions pas nous écarter de cette promesse », a poursuivi l’ancienne ministre, qui a également écarté toute possibilité de compromis sur un sujet aussi grave :
«Je pense que le compromis est essentiel à n'importe quelle coalition. Je pense que nous avons su en trouver sur des questions économiques, la politique sociale, etc. Mais quand il s'agit d'une affaire de vie et de mort – et en tout cas pour moi ça l'est – je pense qu'il n'est pas vraiment possible d’en chercher un », a-t-elle déclaré à la presse.
C'est le 11 juillet dernier, peu avant minuit, que la chambre basse du parlement a adopté cette loi par 127 voix contre 31 après deux jours et une nuit de discussions marathon sur 165 amendements.
La loi autorise l’avortement quand la vie de la femme est menacée et en cas de risque de suicide, après avis unanime d'un obstétricien et de deux psychiatres. Celle-ci était une promesse du gouvernement d'Enda Kenny, après la mort très médiatisée, en octobre 2012, de Savita Halappanavar, une femme de 31 ans originaire d'Inde, décédée d'une septicémie à l'hôpital de Galway (ouest de l'Irlande), alors qu’elle était enceinte. ( La Croix )
Le texte doit maintenant être avalisé par la chambre haute du parlement où le gouvernement détient la majorité.
Le geste de Lucinda Creighton, partagé par 4 autres députés, exclus eux aussi, fut d’autant plus courageux que la jeune femme a révélé avoir été elle-même favorable à l'avortement alors qu'elle était plus jeune, pensant que le fœtus n'était pas un être humain. Mais « l’expérience de proches et de connaissances », a-t-elle dit au Dail, lui a fait comprendre que l'avortement est un « outil pour l'oppression des femmes » et que les termes de la loi permettent de « sacraliser la menace de suicide dans les livres de loi pour la première fois ». (Blog de Jean Smits)