Nomination de commissions d’enquête et de réforme à la Curie, des démissions, une arrestation… Les débuts d’une grande révolution selon les vaticanistes
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Pour la presse italienne « l’ère Bergoglio » a bel et bien commencé, et les rouages de la « grande machine » vaticane sont en train de connaître un grand bouleversement .
Après la nomination d’une commission de 8 cardinaux des 5 continents, chargés d’aider le pape François dans sa réforme de la Curie romaine, et la mise en place par décret d’une Commission de réforme devant veiller à remettre sur le droit chemin l’Institut pour les œuvres religieuses (IOR), communément appelée banque du Vatican, voilà qu’est annoncée l’arrestation d’un « monsignore » (Nunzio Scarano, 61 ans, ) par la police italienne, soupçonné de blanchiment d'argent et de corruption, et les démissions du directeur général du IOR Paolo Cipriani, et de son adjoint Massimo Tulli.
Pour les experts italiens, ces opérations ont le goût d’une véritable révolution que le pape François compte mener dans un esprit de grande « collégialité » au sein de l’Eglise.
Les 8 cardinaux qu’il a nommés pour le conseiller dans cette tâche sont chargés à ce propos de l’aider à revoir la constitution « Pastor Bonus » sur l'organisation de la Curie, et à appliquer les recommandations de collégialité prévues par le Concile Vatican II.
Sur cette réforme de l’administration centrale de l’Eglise et sur ses rebondissements, Aleteia a contacté un expert, le constitutionnaliste Francesco Clementi, professeur à l’université de Pérouse et membre du conseil des « sages » nommé par le président de la République italienne Giorgio Napolitano pour tenter de résoudre la crise institutionnelle dans laquelle est plongé le pays :
Q : Prof. Clementi, la réforme des organismes du Saint-Siège et de l’Eglise sont apparemment une priorité du Pape qui a décidé d’agir vite. Quel est votre sentiment après ce qui s’est passé au IOR ?
F. Clementi: Le pape François exerce son ministère, en respectant exactement ce qu’il a dit publiquement à maintes reprises, c’est-à-dire ramener l’Eglise à ses « fondamentaux », en la réorientant vers des thèmes davantage pastoraux et religieux plutôt que vers une gouvernance mondaine des choses.
Q : On retrouve chez Jorge Mario Bergoglio le style jésuite, tant dans sa manière d’aborder les questions que dans sa manière ferme d’agir. D’après vous, cette idée de constituer une commission de cardinaux relève-t-elle d’un même état d’esprit ?
F. Clementi: Je ne sais pas s’il existe un « état d’esprit » proprement jésuite. Certes, la rigueur et cette recherche de l’essentiel doublée d’une vive attention à rechercher des solutions non simpliste aux problèmes, existe bien, et on la retrouve chez le pape François. C’est un homme qui ne fait pas de manières, et ses choix depuis le début de son pontificat sont bien en phase avec son style et le style des jésuites; mais aujourd’hui, je dirais plutôt : de toute l’Eglise. Et c’est en ce sens aussi que je vois l’idée de la commission, un outil utile pour comprendre et affronter les problèmes sans préjugés. Un fait rare, d’après moi, à une époque comme la nôtre.
Q : Le pape est un souverain absolu et il peut donc faire ce qu’il veut. Mais n’y a-t-il pas conflit entre la Curie (spécialisée dans les dicastères) et ce Conseil (divisé par continents)?
F. Clementi: J’aurais envie de dire tout tient dans une monarchie. Certes, quand on aura saisi clairement l’assiette définitive que le pape veut donner aux institutions, on saura et comprendra à quel type de structure institutionnelle il a l’intention, concrètement, de confier les rênes du gouvernement central de l’Eglise. Peut-être qu’une solution mixte – ratione materiae et ratione loci – pourrait être la solution la plus indiquée, car à la fois plus flexible et plus accessible, de manière à rendre l’Eglise moins distante des problèmes que chaque fidèle et leurs communautés vivent dans le monde.
Q : D’après vous, en relisant les dernières phases du pontificat de Benoît XVI et les débuts plein d’élan de celui de François, les difficultés à réformer la Curie peuvent-elles les raisons de la renonciation de Joseph Ratzinger?
F. Clementi: Certainement on peut être amené à le penser. Cela n’était peut-être pas la raison première du choix de Benoît XVI mais cela aura certainement eu un certain poids. D’ailleurs Benoît XVI n’a jamais manqué de faire écho publiquement aux résistances qu’il rencontrait.
Q : D’un point de vue juridique et de système, le Vatican post-Bergoglio ressemblera-t-il plus ou moins à l’Eglise du Ier millénaire ?
F. Clementi: Je crois qu’il est trop tôt pour le dire. Historiquement chaque structure politique et institutionnelle connaît des moments de plus ou moins grande collégialité, d’horizontalité, d’ouverture et fermeture. L’important, dans ces cas, est une seule chose: que les choix qui seront faits aillent avec notre temps. Il n’y a rien qui détonne plus qu’une musique jouée sans respecter les temps. Y compris la musique de Mozart!
Pour en savoir plus :
http://www.news.va/fr/news/la-direction-du-ior-presente-sa-demission
http://www.osservatoreromano.va/portal/dt?JSPTabContainer.setSelected=JSPTabContainer%2FDetail&last=false=&path=/news/vaticano/2013/150q13-Comunicato-della-Sala-Stampa-della-Santa-Se.html&title=La%20d%C3%A9mission%20%20de%20la%20direction%20du%20IOR&locale=fr
http://www.lavie.fr/religion/lamatinale/la-direction-de-la-banque-du-vatican-demissionne-03-07-2013-42176_400.php
http://fr.news.yahoo.com/vatican-mgr-nunzio-scarano-%C3%A9v%C3%AAque-salerne-arr%C3%AAt%C3%A9-police-073139117.html