Le cri de Marc Fromager, directeur de l’AED. Parmi les récentes victimes de cette guerre acharnée, un religieux franciscain, assassiné par un groupe de rebelles.
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Un franciscain, le père François Mourad, a été tué dimanche 23 juin, dans le couvent de la Custodie de Terre Sainte, à Ghassanieh, près de Homs, où il était venu se réfugier et apporter son aide, et qui a été entièrement pillé par un groupe rebelle, indique l'agence d'information des évêques italiens (SIR), citant une information de la Custodie.
« Je voudrais que tout le monde sache, a réagi le responsable régional des franciscains de Syrie Halim Noujaim, qu'en soutenant les révolutionnaires, l'Occident soutient les extrémistes religieux et aide à tuer les chrétiens. ». « Avec cette attitude, il ne restera pas un seul chrétien dans ces zones », a-t-il ajouté (Le Point/AFP).
Au même moment, Marc Fromager, le directeur d’Aide à l’Eglise en Détresse (AED), exprimait son désarroi et sa colère face à cette Syrie anéantie par deux années de guerre qui ont précipité la population civile « au fond de l’enfer »…
Voici l’intégralité de son éditorial :
« Depuis deux ans, la Syrie est exposée à la vindicte internationale et nous sommes priés d’assister silencieusement à l’anéantissement d’un des plus anciens pays au monde. Le dossier étant complexe et l’unanimité imposée, il est vrai que les voix discordantes étaient forcément mal vues. Or aujourd’hui, avec la décision américaine d’armer les rebelles et le suivisme européen et notamment français en la matière, le temps est venu de mettre fin à cette mascarade.
Au nom de la population syrienne, toutes confessions confondues, cette opération de destruction doit s’arrêter. Oui, ça suffit !
Certes, le dossier est complexe, le régime est autoritaire, mais depuis quand cela autorise-t-il la communauté internationale à décider de la destruction d’un pays ? La Syrie est-elle la seule dictature de la région ? Ne devrait-on pas également s’en prendre à l’Arabie Saoudite et au Qatar pour ne citer que ceux-là ? Et en quoi la pulvérisation du pays peut-elle le rendre plus épanoui ?
Il y a deux ans, la Syrie avait un taux de croissance économique de plus de 8 % et c’était, hormis le Liban, le pays le moins contraignant du Moyen-Orient pour les chrétiens. Aujourd’hui, avec plus de 90 000 morts et des centaines de milliers de réfugiés à l’intérieur et à l’extérieur du pays, l’évidente amélioration du sort de la population syrienne saute aux yeux, un peu comme l’ineffable service que nous avons rendu à la population irakienne depuis 10 ans…
Beaucoup de pays ont un intérêt dans la dislocation de la Syrie, à commencer par les Américains – pour des raisons énergétiques (contrôle de la production et/ou du transit du pétrole et du gaz et aussi manœuvre hostile contre les Russes) – ou les Qataris (lutte anti-chiite et compétition pour la primauté sunnite), mais la France ?
La politique étrangère française sur le dossier syrien est difficilement compréhensible. Quels intérêts y poursuivons-nous ? Ou est-ce simplement pour faire plaisir à nos parrains américain et qatari ? Là encore, il faut croire que la France a définitivement abandonné toute idée de souveraineté. Pourtant, la France, de par ses liens historiques avec la Syrie et les chrétiens d’Orient, avait une double responsabilité et donc des devoirs particuliers sur ce dossier.
Comment imaginer qu’on puisse armer les rebelles alors que tout le monde connaît la porosité de la rébellion syrienne avec les milieux islamistes liés à Al Qaïda ? Qui pourra expliquer l’absurdité qu’il y a à armer en Syrie ceux que la France combat au Mali ? Et après la Syrie, comment ne pas déjà entrevoir la dislocation du Liban ? Là aussi, est-ce la disparition des chrétiens que l’on cherche?
Quid de la population syrienne ? Cela semble le dernier souci de nos stratèges. Aujourd’hui, du point de vue de l’ensemble de la population syrienne et à fortiori des chrétiens syriens, ce chaos instauré, alimenté et financé en grande partie depuis l’étranger relève purement et simplement du crime. Il est temps que cela s’arrête et qu’une solution politique soit trouvée au plus vite, pour épargner la population civile plongée au fond de l’enfer. Oui, vraiment, cela suffit ! »
Dans ce contexte, la mort du Père François, dimanche dernier, est un coup dur pour tous les frères franciscains. Pourtant, ils continuent d’être d’un grand renfort spirituel pour les populations qu’ils desservent. Dans certains villages de l’Oronte, alors que les franciscains sont les seuls religieux à être restés, ils célèbrent les sacrements pour tous les rites. Ailleurs, ils organisent des temps de prières où tous sont présents.
Pour en savoir plus sur les circonstances de la mort du père franciscain et sur le travail admirable des franciscain(e)s auprès des populations civiles dans le pays, se connecter au site d’œuvre d’Orient et lire l’article « Syrie : la mort du Père François Mourad endeuille la présence franciscaine ».
Et pour faire un don pour la Syrie cliquer sur le lien : http://www.aed-france.org/projets/syrie-lamour-du-christ-plus-fort-que-les-armes/?utm_source=NL2406&utm_medium=1310PEL&utm_campaign=Homs