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Alors qu’en 2005, la moyenne nationale des gynécologues et anesthésistes invoquant l’objection de conscience pour refuser de pratiquer l'avortement n’était « que » de 58,7 %, aujourd’hui, en 2013, cette moyenne frôle les 80%, selon les dernières statistiques rendues publiques par le ministère italien de la Santé.
Cette généralisation de l’objection de conscience est très mal perçue par le Parti démocrate italien qui a déposé une motion réclamant l'intervention du gouvernement et la pleine application de la loi 194 sur tout le territoire, sous le prétexte principal que cette recrudescence des médecins objecteurs ferait monter de manière considérable le nombre des avortements clandestins (entre 20.000 à 50.000).
En Italie, depuis 1978, l'interruption volontaire de grossesse (IVG) est effet légale mais assortie d’une clause qui donne droit à « l’objection de conscience », soit le droit aux médecins de « refuser d’accomplir un acte médical pour des raisons personnelles, religieuses ou morales » ».
Ainsi, à Naples, par exemple, « un seul service hospitalier est encore ouvert et en Sicile, le taux d'abstention des spécialistes frôle la barre des 80,6% », soulignent les médias italiens (1)
Dans le Latium, la région de Rome, le pourcentage des spécialistes « objecteurs » a même dépassé les 91%, et pourrait ne pas bouger, voire même monter, pressentent les médias italiens, avec l'arrivée du pape François, d'emblée très populaire. Il y a juste un mois, il lançait son premier appel « clair et fort » en faveur d’une protection juridique de l’embryon et pour « le respect de la vie dès sa conception» (Regina Coeli, 12 mai 2013).
C’était en marge de la grande «Marche pour la vie » organisée par des membres de différentes paroisses italiennes et des militants «pro-life» (anti-avortement), et à la lumière de la campagne de signatures européenne « one of us » (« Un de nous ») qui poursuit sa collecte. (cf. Aleteia « Protection de l’embryon… »). (2)
Mais il est vrai aussi que, dès l’adoption de la loi dépénalisant l’avortement en 1978, « l’Eglise italienne a donné des instructions fortes aux professionnels de santé et a initié auprès d’eux une pastorale dynamique qui ne s’est jamais démentie », commente Pierre-Olivier Arduin, de la commission bioéthique de l’Observatoire sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon, dans une récente analyse sur cette objection massive des italiens. (3)
La seconde explication selon lui tient à « la mise en place d’un mouvement laïc de défense de la vie et de la famille qui a su s’organiser efficacement, regroupant des soignants bien sûr, mais également des responsables politiques, des juristes, des universitaires, des hommes et des femmes de culture ».
Enfin, troisième point signalé par Pierre-Olivier Arduin : l’existence de facultés catholiques de médecine dignes de ce nom à Rome dont les deux plus importantes sont la prestigieuse Université catholique du Sacré-Cœur et le Campus bio-medico, qui accueillent un nombre considérable d’étudiants destinés à devenir médecins, scientifiques, sages-femmes ou infirmières.
Pierre-Olivier Arduin estime sur ce point, que les Italiens ont beaucoup à enseigner et qu’il y aurait dans cette situation des leçons importantes à tirer pour la diffusion d’une nouvelle culture de vie en France.
En France, Danielle Bousquet, la présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEFH), a tenu à alerter François Hollande sur la « menace » qui pèse aujourd’hui sur le droit à l’avortement en Europe.
Elle signale les cas de la Lituanie, dont le Parlement a introduit le 28 mai dernier une proposition de loi prévoyant l’interdiction de l’avortement, celui de l’Italie, et celui de l’Espagne, après la dernière déclaration d’Alberto Ruiz Gallardon, le ministre de la Justice espagnol : « Nous répondrons du droit des êtres humains qui ont été conçus et qui ne sont pas encore nés », qui avait provoqué un tollé auprès des féministes.
Cette phrase du ministre espagnol est au cœur d’un débat qui, malgré la crise économique, fait rage en Espagne. Entre le droit des femmes à avorter et celui des «non-nés» à voir le jour, le ministre - appuyé par l’épiscopat espagnol - estime que celui des derniers prévaut sur celui des premières.
Sources: