Dès l’annonce de la mort du jeune militant d’extrême-gauche, nombre de médias ont suggéré un lien entre ce crime et la Manif pour Tous. Un amalgame irrecevable.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
«Le débat sur le mariage homosexuel a viré à l'aigre » (l’Est Républicain). « Au fil des cortèges, comment le nier, même si elle ne les résume pas, l'extrême droite groupusculaire a bien retrouvé la rue » (Libération). Etc…
Au lendemain de la mort dramatique de Clément Méric, le 7 juin, nombre de médias n’ont pas hésité à faire des rapprochements très explicites avec les manifestations contre la loi Taubira (1), dans la lignée de Pierre Bergé. Sur son compte Twitter, le président du Conseil de surveillance du journal Le Monde, a lui-même en effet mis en cause directement Frigide Barjot et son mouvement: « L'immonde Barjot avait promis du sang, le voilà qui éclabousse la démocratie et la République. Cette Manif pour Tous, se rend elle compte? » (sic)
Dans un billet publié sur son compte Twitter (2) – « retweeté » des centaines de fois – Tugdual Derville dénonce fortement ces agressions contre le mouvement d’opposition à la Loi Taubira : « Les amis, soyons lucides, écrit le porte-parole de la Manif Pour Tous, tout est fait pour pourrir l’image de notre magnifique mouvement, au moyen de procédés dialectiques manipulateurs bien référencés (amalgame, isolement, transfert d’émotion, procès d’intention, récupération historique…). »
Le délégué général d’Alliance Vita appelle les sympathisants du mouvement à « ne pas renoncer à notre non-violence intérieure » et à rester engagés : « ne laissons personne réécrire l’histoire de notre mouvement pour le salir et nous culpabiliser. Défendons-le ! Restons-en fiers et poursuivons-le avec la fermeté paisible qui est notre marque irrépressible. »
L’amalgame est d’autant plus scandaleux que les skinheads en cause dans le meurtre de l’étudiant de Science-Po n’ont rien à voir avec les manifestants, comme l’explique dans 20 Minutes (3) Stéphane François, un spécialiste des droites radicales, et associé au laboratoire Groupe sociétés religions laïcités (GSRL) du CNRS : « Leur radicalisation date de bien avant, explique-t-il, d’une certaine crise d’identité autour de la mondialisation et de l’Europe. Clairement dans la mouvance skinhead, ils ne sont pas vraiment portés sur la défense du mariage mais prônent l’union libre, la consommation de stupéfiants. »
« Vieille histoire », écrit aussi sur son blog Patrice de Plunket, qui se souvient avoir déjà enquêté en 1984 sur ces « bastons de skins et d'antifa qui se produisent de génération en génération. » Les médias ne sont-ils pas allés trop vite ? « Les enquêteurs, plus prudents, laissent entendre que l'affaire est « moins simple » que les radios ne l'ont dit ce matin, relève le blogueur. Même M. Valls hésite à l'exploiter… Il en a pourtant fait des tonnes, depuis janvier, pour déguiser des groupuscules de douze membres (dont six indicateurs) en "danger pour la République", et faire croire que ce danger venait du rejet du mariage gay. »
(1) http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/06/07/mort-de-clement-meric-la-presse-deplore-un-climat-nauseeux_3425809_3224.html
(2) https://twitter.com/TDerville/status/342703935141859329/photo/1
(3) http://www.20minutes.fr/politique/1169129-20130606-stephane-francois-il-esprit-clan-haine-lautre-ultraviolence
(4) http://plunkett.hautetfort.com/archive/2013/06/06/l-affaire-de-la-rue-caumartin.html