Lettre ouverte aux éditeurs d’Aleteia sur la Manif pour tous et le mouvement des Veilleurs, en France
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Chers Inma, Alexander, Mirko, Harold et Tony (1)
Depuis des mois, vous suivez, notamment dans l’édition française d’Aleteia, les péripéties de la loi dénommée « Mariage pour tous » que vient malheureusement de promulguer le Président de la République.
Vous êtes interpellés par l’ampleur des manifestations nationales et régionales qui ont scandé les débats, se poursuivent presque chaque jour en différents lieux de France avec les « Manifs pour tous » et le mouvement des « Veilleurs », et culmineront dimanche prochain, 26 mai, avec une nouvelle « Manif pour tous » nationale à Paris.
Malgré les tentatives assez peu glorieuses du ministère de l’Intérieur français de minimiser ces manifestations en publiant des chiffres en total décalage avec ce que montrent photos et vidéos, il s’agit des plus importantes manifestations de rue en France depuis celles qui avaient permis de sauver la liberté scolaire contre, déjà, un gouvernement socialiste, en 1984.
Mais à l’époque, l’autre président François (Mitterrand) avait jugé qu’une protestation d’une pareille ampleur rendait impossible la promulgation d’une loi qui devait tuer l’école libre. L’actuel président François (Hollande), alors même qu’il bat tous les records d’impopularité d’un chef de l’Etat sous la Ve République, n’a pas eu cette sagesse. Il s’est au contraire empressé de promulguer la loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe au lendemain de sa validation par le Conseil constitutionnel.
Alors, me direz-vous, puisque les dés sont jetés et que le mariage homosexuel, trompeusement nommé « mariage pour tous », est adopté sans recours, à quoi bon poursuivre le combat ? Quelle issue le mouvement de protestation peut-il trouver, alors que l’immense majorité des manifestants et leurs porte-parole veulent rester dans le cadre de la légalité et de la non-violence ?
A vrai dire, nul ne peut prédire l’avenir ! Ce qui est sûr, en revanche, c’est que nous assistons en France à une insurrection des consciences sans précédent.
Il s’agit d’un refus massif, profond, motivé, non négociable, d’une loi injuste et totalitaire puisqu’elle prétend abolir la différence sexuelle dans le mariage et implique qu’un enfant puisse avoir pour « parents » deux hommes ou deux femmes et, s’il est adopté, qu’il soit privé du droit d’avoir un référent paternel et un référent maternel. Aucune loi n’a le pouvoir de nier la différence des sexes, l’altérité homme/femme et la complémentarité père/mère. Aucune ne peut priver un enfant du droit d’avoir un père et une mère.
C’est aussi un non catégorique à la PMA (procréation médicalement assistée) et à la GPA (gestation pour autrui) qui suivront fatalement l’adoption de la loi au nom de l’égalité, ouvrant la voie à toutes sortes de manipulations marchandes du corps humain.
C’est encore le rejet de l’idéologie sous-jacente du « gender » (déjà au programme de nos écoles) qui voudrait imposer la croyance que les identités sexuelles féminine et masculine sont des constructions sociales, forcément d’un autre âge, et non des données naturelles et immuables appartenant aux fondements du droit naturel.
C’est enfin le refus d’une loi qui, loin de constituer une amélioration pour les personnes homosexuelles, sera génératrice d’homophobie en les faisant passer pour responsables du « droit à l’enfant » qui crée des orphelins de père ou de mère.
Bref, comme l’a dit elle-même Madame Taubira, ministre de la Justice dont le nom s’attache à cette nouvelle loi -et restera à jamais entaché par elle-, c’est le « changement de civilisation » qu’elle prétend instaurer que de nombreux Français de tous âges, croyances et conditions refusent absolument. Aucune majorité parlementaire ne peut s’arroger le droit de changer la civilisation !
Hélas, ce refus argumenté, longuement et pacifiquement expliqué, s’est heurté au mur de mépris et d’arrogance d’un gouvernement et d’une majorité parlementaire sûrs d’incarner « le progrès » et d’être dans « le sens de l’Histoire ». Nous connaissons depuis longtemps ce genre de posture en France de la part d’un pouvoir qui rêve d’être le digne héritier des « grands ancêtres » de la Révolution française. Nous savons à quelle tyrannie elle peut conduire ; aussi avons-nous appris à la combattre.
Voilà plus de deux siècles que la société française sécrète des « anticorps » pour résister aux virus mortels que des idéologues entendent lui inculquer sitôt qu’ils se sont emparés du pouvoir. Jadis, c’étaient par exemple les « Jacobins », qui n’étaient qu’une petite minorité de citoyens, -les plus extrémistes et les moins scrupuleux. Aujourd’hui c’est le lobby gay, ultra-minoritaire et loin de représenter l’ensemble des personnes homosexuelles, mais très présent dans les instances du pouvoir politique et médiatique.
Ces « anticorps » salutaires qu’émet à nouveau la société française proviennent avant tout des familles, cellules de base de la société, relayées par des « corps intermédiaires » telles que l’Union Nationale des Associations Familiales, l’Académie de médecine ou encore l’Académie des Sciences morales et politiques, qui ont, chacune dans son domaine de compétence, exprimé leur opposition à la loi Taubira. Les religions jouent aussi un rôle fondamental dans cette réflexion critique, surtout l’Eglise catholique « experte en humanité » qui éclaire les consciences tout en laissant aux chrétiens le choix de l’action politique à entreprendre, pourvu qu’elle ne déroge pas aux principes de l’agir chrétien.
La nouveauté pour l’Eglise en France, c’est que nombre d’évêques ont osé s’exprimer sur la place publique (plusieurs d’entre eux participant même aux manifestations), et qu’ils ont rencontré une écoute et un écho sans précédents auprès des jeunes catholiques des « générations Jean-Paul II, Benoît XVI et pape François ». L’efficacité des messages de tous ces chrétiens relayés par les réseaux sociaux (autre phénomène nouveau) est l’une des données qui ont le plus surpris le gouvernement…
Le jugement de ces experts -théologiens, philosophes, juristes, psychologues, sociologues- étaye et conforte l’impression profonde d’une proportion croissante de la population française pour laquelle la succession des générations ne peut être fondée que sur la reconnaissance de la nature humaine. Celle-ci n’est pas à inventer ou à réinventer comme si l’homme était « la mesure de toute chose », mais à recevoir comme un don à protéger et à faire fructifier, la culture respectant la nature dont elle est comme la fleur.
Il s’agit donc, au-delà de la lutte contre le mariage gay, d’une véritable prise de conscience de l’importance cruciale de l’écologie humaine pour notre société.
Cette nouvelle attaque sournoise et mensongère contre la nature humaine, perpétrée, qui plus est, par la puissance publique, aura créé un véritable sursaut dans l’opinion. Tout se passe comme si l’on découvrait l’importance de l’altérité sexuelle, du mariage, de la filiation, et de la famille, berceau de l’amour et de la vie, de l’éducation et de la solidarité, et source de toutes les richesses humaines et économiques de la société.
Certes, les opposants à la loi Taubira gardent l’espoir que la mobilisation du dimanche 26 mai sera d’une telle ampleur que cette loi votée et promulguée sera finalement retirée ou non appliquée…
Mais même si cet espoir devait être déçu, le mouvement en marche ne s’arrêtera plus : la protestation contre cette loi immorale, la défense des enfants, le soutien des maires qui seraient condamnés comme objecteurs de conscience, la protestation contre l’endoctrinement des élèves à la théorie du « gender » va se poursuivre et s’organiser dans toute la France – d’autant que d’autres lois « libertaires » (et donc liberticides) vont suivre, sur la famille, la bioéthique…
Il est probable d’ailleurs que ce mouvement d’opposition constructive va s’internationaliser, le fléau auquel les Français sont aujourd’hui confrontés sévissant dans d’autres pays du monde, en Europe et ailleurs.
A vous, chers collègues, de relayer dans votre langue notre message : Pour défendre et promouvoir la civilisation et l’écologie humaine, hommes et femmes de tous pays, unissons-nous !
Confraternellement et fraternellement,
Philippe
1) Responsables des éditions d’Aleteia en langue espagnole, portugaise, italienne, anglaise et arabe.