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Deux mois de pontificat / un an de présidence … les deux François ou le choc des images

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Philippe Oswald - publié le 09/05/13
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Ils étaient tous deux « de sortie » le 8 mai… La comparaison entre les deux François est tentante. Et sans appel.

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Quel contraste entre ces deux « actu » télévisées, au matin du 8 mai ! D’un côté, sur la rive droite du Tibre, le soleil de la Place Saint-Pierre où se pressaient plus de 100 000 fidèles, débordant largement sur la Via della Conciliazione, pour entendre et acclamer le pape François élu depuis deux mois. Une affluence jamais vue à Rome pour une audience « ordinaire » ! 
 
De l’autre, sur la rive droite de la Seine, la grisaille d’une matinée maussade, l’avenue des Champs-Elysées et la place de la Concorde quasi désertes, où l’autre François, le « président normal » élu un an plus tôt mais battant tous les records d’impopularité sous la Ve République, s’engouffrait dans sa voiture sitôt achevées les cérémonies marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Faute de mains à serrer…
 
Une atmosphère glaciale, image éloquente d’un désaveu massif, ont relevé nombre de commentateurs.
 
On se souvient de la pique ironique, un rien méprisante, que le président de la République française avait hasardée au moment du conclave : « Nous ne présentons pas de candidat… » (Pour décrypter cette étonnante infraction à tous les usages diplomatiques, lire ici-même l’interview de Samuel Pruvot sur l’agnosticisme foncier de François Hollande).
 
Deux mois plus tard, comment ne pas entendre une réponse divine et comme le « rire de Dieu » dans le télescopage de ces images venues de Rome et de Paris dans les journaux télévisés de ce 8 mai ?
 
Mais revenons au pape François. N’est-ce pas lui qui, sans avoir besoin de le dire, ni certainement avoir jamais songé à le faire, se comporte de la façon la plus « normale » qui soit ? N’est-ce pas lui qui unit et rassemble bien au-delà de son peuple tandis que l’autre François n’a eu de cesse de diviser celui qui lui était confié? Faut-il pousser la cruauté jusqu’à comparer l’éloquence vive et directe du pape aux méandres de la parole présidentielle (prodige de la langue de bois dont ses derniers propos en clair-obscur sur un prochain remaniement dans Paris-Match (1) sont l’archétype ?)
 
Chez le pape François, ce sont au contraire la spontanéité et la vérité d’une âme qui sont plébiscitées par les foules. Et ce sont aussi, en même temps que l’homme simple et sans fard, les paroles du pontife (c’est-à-dire, étymologiquement, le « constructeur de ponts » -ce titre donné aux papes est un héritage des empereurs romains) qui font mouche et emportent l’adhésion intérieure. Par exemple, lorsqu’il demande à tous les fidèles d’être eux aussi des « pontifes » (« Pour évangéliser, construisez des ponts, pas de murs ! ») chacun sent immédiatement que cette parole-là n’est pas un « élément de langage » suggéré par un « communiquant ». Ou plutôt si, il y a bien un grand communiquant derrière les paroles du pape François, mais il s’agit d’un hôte intérieur.
 

1) Paris Match n°3338, 9 mai 2013 (Extraits ici)

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