Après l’adoption de la loi Taubira en deuxième lecture à l’Assemblée Nationale, la lutte n’est pas terminée.
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Après l'adoption de la loi Taubira en deuxième lecture à l'Assemblée Nationale, Tugdual Derville et François-Xavier Bellamy rappellent que la lutte n'est pas terminée et que l'absurdité du projet desservira nécessairement ses promulgateurs.
Sur son blog, François-Xavier Bellamy, philosophe et adjoint au maire de Versailles, analyse la teneur du mouvement d'opposition au "mariage pour tous", et les crispations du gouvernement et de l'opinion publique. L'émergence de groupes pacifistes, qui dénoncent entre autres le délitement du mariage, met de façon évidente en avant l'esprit bon enfant qui existait dans la protestation depuis le début mais que ses détracteurs ne voulaient pas reconnaître.
"A force de jouer sur les caricatures, la majorité a fini par ne plus rien comprendre au mouvement qui naissait sous ses yeux ; et les journalistes, pour la plupart, n’ont pas su rendre compte de la nouveauté d’un élan qu’ils ne savaient comment interpréter. […] Quelque chose est en train de se passer. Une révolution silencieuse, intérieure, inattendue et si difficile encore à décrire. Au fond, par sa surdité poussée jusqu’à l’absurde, le gouvernement aura rendu un immense service à ceux que la loi Taubira heurtait. Il nous aura permis de prendre vraiment conscience de l’importance du combat.
La tentative permanente pour nous exclure du jeu démocratique nous a obligés à réinventer nos moyens d’expression, à clarifier encore le sens de notre action, et jusqu’à renouveler l’idée que nous nous faisions de notre rôle dans cette période. En ce sens, la majorité ne le sait pas encore, mais elle a déjà perdu.
Si nous nous opposons à cette loi, c’est parce qu’elle ébranle en profondeur l’essence même du lien familial. En faisant reposer la filiation uniquement sur la volonté, elle fait de l’enfant le jouet des projets d’un adulte, qui ne sera plus « parent » que par l’effet momentané de son désir. Le mépris affiché pour la « filiation biologique » témoigne seulement de la rage froide de l’individu contemporain qui voudrait que rien, et surtout pas la réalité charnelle de la différence des sexes, ne puisse résister à son projet.
[…] Autant de conséquences d’une même erreur, qui a consisté à se révolter partout contre les limites qui s’opposaient à nos pulsions consuméristes. Partout, un même individualisme a détourné le sens de la loi, revendiquant pour l’intérêt immédiat et particulier ce qui devait servir au bien durable de la société. […] Loin de créer de nouveaux droits, cette loi offre aux homosexuels un mariage désormais vidé de son sens et de son efficacité : plus de stabilité dans ce monde désincarné où seul compte le désir de l’individu.
Mais loin des politiques, dont beaucoup auront confondu une fois de plus le sens de l’histoire avec le sens du vent, une majorité de Français a vécu une prise de conscience. […] Il s’est passé quelque chose d’inédit : face aux fantasmes irresponsables de la génération Bergé, une nouvelle génération s’est levée. En inondant largement les manifs, en inventant de nouvelles formes d’engagement, veilleurs, volontaires, blogueurs, des centaines de milliers de jeunes ont témoigné avec force de leur espérance. Ils ne veulent plus détruire des normes, mais reconstruire le lien social."
Tugdual Derville appelle lui aussi à ce calme : il incite les manifestants à "poursuivre leur mobilisation sans se décourager ni se départir de la non-violence intérieure, indispensable au maintien de la paix sociale, et seule façon irrépressible de travailler au service de la justice et du bien commun".
Un message d'espérance qui appelle à creuser les raisons profondes de notre engagement. Un engagement qui nous dépasse et ne s'arrête pas aux vexations et à la violence auxquelles il est confronté. Le dédain des politiciens ne de dessert qu'eux-mêmes et l'absurdité de leur démarche les rattrapera bien un jour.
Cette résistance pacifique s'accompagne de grandes étapes de protestation commune : le 5 mai, manifestations à Paris, Lyon, Toulouse, Montpellier et Rennes, le 26 mai, grande manifestation nationale à Paris. Et du côté du processus législatif : le recours au Conseil Constitutionnel a été acté par l'opposition mardi 23 avril. L'avis du Conseil sera suivi, s'il est positif, de la promulgation de la loi par le Chef de l'Etat qui peut encore faire marche arrière: le 9 février 2006 le CPE était voté, le 31 mars le Président suspendait son application.
On ne lâche rien !