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Dans son message Urbi et Orbi, le Pape François invite à accueillir la grâce du salut et l’infinie miséricorde de Dieu
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Annonçant la bonne nouvelle, comme à son habitude, à tous et « spécialement là où il y a plus de souffrance, dans les hôpitaux, dans les prisons », François a rappelé ce qu’était cette bonne nouvelle de la résurrection : celle du salut par la grâce de Dieu, à la fois visible et invisible, présent aux cieux et sur la terre, pour y dispenser partout sa miséricorde.
Le message du Pape s’enracine dans le lien intime qui existe entre la Pâque de l’ancienne alliance, l’Exode, cette libération des fils d’Israël de l’esclavage en Egypte ; et celle de la nouvelle : la libération du péché par sa mort sur la croix et sa résurrection : « Voilà ce qu’est Pâques : c’est l’exode, le passage de l’homme de l’esclavage du péché, du mal à la liberté de l’amour, du bien ». Et c’est en effet l’origine du mot Pâque, en hébreu Pessah, qui signifie « passage ». Cette allusion du Pape à une typologie bien connue entre les deux Pâques, est évidemment d’une grande actualité. Car en Egypte, pays de sécularisation et d’asservissement au progrès technique, à la culture païenne, et au gouvernement terrestre, les fils d’Israël avaient délaissé le culte du Seigneur. Ils furent alors libérés de l’esclavage par le sang de l’agneau pascal dont ils devaient aspergés les montants et le linteau des portes de leurs maisons, mêlé avec le sang de leur circoncision, « sang de l’alliance », comme cela a d’ailleurs été parfaitement conservé par la tradition de nos frères juifs ; on le retrouve dans les targums, et dans de nombreux commentaires, dont celui-ci qui résume bien tout cela : « Le jour où Israël sortit d’Egypte, ils furent tous circoncis du plus âgé au plus jeune, comme il est dit : « Tous ceux du peuple qui étaient sortis [d’Egypte] avaient été circoncis » (Jos 5, 5). Ils prirent le sang de la circoncision et le sang de la Pâque et le mirent sur les montants des portes de leurs maisons. Et lorsque le Saint, béni soit-il, passa pour frapper les Egyptiens et qu’il vit le sang de l’alliance et le sang de la Pâque, il fut empli de miséricorde pou Israël, comme il est dit : « je passai près de toi et je tevis qui te débattais dans tes sangs, et je te dis par tes sangs, vis » (Ez 16, 6). » (Pirqué de Rabbi Eliézer, 29)
Beaucoup de chrétiens ignorent que l’expression « sang de l’alliance » que nous employons dans l’eucharistie à la suite de Jésus, en parlant d’alliance nouvelle et éternelle, désigne dans la Bible le sang de la circoncision, l’alliance passée avec Abraham. Ce sont ces sangs, du sacrifice et de l’alliance, qui suscitent la miséricorde de Dieu, ces sangs réunis en un seul avec le Christ, agneau de Dieu et coupe de l’alliance nouvelle et éternelle. C’est ce qui permet au Pape François de revenir sur cette idée du passage (Pessah) en disant que « la miséricorde a vaincu ! La miséricorde l’emporte toujours ! ».
Et le Pape n’arrête d’ailleurs pas la comparaison à cela. Il cite ensuite saint Irénée : « Parce que Dieu est vie, seulement vie, et sa gloire c’est nous : l’homme vivant ». Là encore, pour nous chrétiens, les mots n’ont pas toujours dans notre cœur la force et la résonnance qu’ils ont pourtant dans la Bible. La Gloire de Dieu, ce que l’ancien testament nomme, en hébreu, la Shekinah de YHVH, c’est cette présence de Dieu au milieu des hommes, dans la nuée de l’Exode d’abord, puis dans le Tabernacle érigé par Moïse au désert, avant d’être à demeure dans le Temple de pierre. Pure émanation de l’amour divin, cette Gloire de Dieu que nous retrouvons encore lors de la Transfiguration de Jésus sur le mont Thabor, est ce qui fait le corps de gloire de Jésus ressuscité (et c’est d’ailleurs pourquoi nous l’appelons corps de Gloire). C’est pourquoi le Pape François dit : « ce même amour miséricordieux a inondé de lumière le corps mort de Jésus, l’a transfiguré, l’a fait passer dans la vie éternelle ».
Saint Irénée, dans le passage que François a rappelé, décrivait cette « mélodie » de Dieu qui se révèle au milieu des hommes : « les visions prophétiques, la diversité des grâces, ses propres ministères, la manifestation de la gloire du Père » (cf. Irénée, Adversus haereses, 4, 20, 7). Il ajoutait que « le Verbe s’est fait le dispensateur de la grâce du Père pour le profit des hommes : car c’est pour eux qu’il a accompli de si grandes “économies”, montrant Dieu aux hommes et présentant l’homme à Dieu, sauvegardant l’invisibilité du Père pour que l’homme n’en vînt pas à mépriser Dieu et qu’il eût toujours vers quoi progresser, et en même temps rendant Dieu visible aux hommes par de multiples “économies”, de peur que, privé totalement de Dieu, l’homme ne perdît jusqu’à l’existence » (Ibid.). En se révélant si parfaitement dans la résurrection, dans toute sa visibilité et toute sa Gloire, en un homme ressuscité, Jésus, nous dit le Pape, « est entré dans la vie glorieuse de Dieu et il y est entré avec notre humanité, il nous a ouvert à un avenir d’espérance ».
C’est sur cette Espérance que le Pape nous invite à nous appuyer, pour actualiser chaque jour la libération du mal opérée par la Pâque : « demandons ainsi à Jésus ressuscité, qui transforme la mort en vie, de changer la haine en amour, la vengeance en pardon, la guerre en paix. Oui, le Christ est notre paix et par lui implorons la paix pour le monde entier ! ». Invitant alors le monde entier à « se laisser aimer par Jésus » et à devenir « instrument de sa miséricorde » – pour le dire autrement, à devenir les véritables temples de sa Gloire – François consacre la seconde partie de son message à demander cette paix : pour Israël et la Palestine en premier – ce lieu justement de l’Exode – mais aussi pour l’Irak, la Syrie, le Nigéria, le Mali, pour la République Démocratique du Congo et la République Centrafricaine, pour la Corée… Puis le Pape élargit sa prière à une libération qui concernera sans doute beaucoup plus l’occident cette fois – moins sujet aux conflits armés, il est vrai – mais aussi l’Amérique Latine : « Paix au monde entier, encore si divisé par l’avidité de ceux qui cherchent des gains faciles, blessé par l’égoïsme qui menace la vie humaine et la famille ». Il ajoute « la violence liée aux trafics de drogues » et « l’exploitation inéquitable des ressources naturelles », et prie encore une fois pour que Dieu fasse de nous des « gardiens responsables de la Création » et apporte « réconfort aux victimes des catastrophes naturelles ». Enfin, rappelant l’esclavage des fils d’Israël en Egypte, François dénonce la traite des personnes, comme « l’esclavage le plus répandu de ce XXIème siècle ».
En France, nous pourrions être tentés de prier pour une paix qui ne nous concernerait que par procuration, demander une miséricorde pour les autres, dont nous aurions peut-être moins besoin. Mais François rappelle bien que par-delà la violence des conflits déjà engagés, c’est l’égoïsme de chacun, l’avidité, l’irresponsabilité sociale, économique et environnementale de tous, qui porte atteinte à la paix, et qui requiert cette miséricorde infinie du Seigneur ; qui requiert d’accueillir en nous, comme en un temple sacré, la grâce de la résurrection.