Décryptage après sa rencontre avec le corps diplomatique
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Devant les représentants des 180 pays accrédités auprès du Saint-Siège, vendredi 22 mars, au Vatican, le pape François n'a pas évoqué les crises internationales ou un problème en particulier. Mais il a indiqué sa priorité : il faut « lutter contre la pauvreté tant matérielle que spirituelle… édifier la paix et… jeter des ponts »
Ce sont ses consignes et il les délivre à chacun de ses discours depuis le début de son pontificat, suscitant un grand enthousiasme autour de lui.
Pourquoi ses gestes, ses paroles, suscitent-ils autant d’enthousiasme ? Pourquoi est-ce chaque jour une surprise ?
Aleteia en a parlé avec le responsable italien du département international de la Caritas italienne, Paolo Beccegato, en marge d’une réunion de la Caritas internationalis à Rome sur l’urgence Syrie. …..
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Le pape François dans chacun de ses discours demande d’être attentif aux pauvres : c’est presque un sponsor pour la Caritas
P. Beccegato: le Pape propose à chaque fois ce qui a toujours été une question fondamentale pour lui. La Caritas italienne a eu l’occasion de collaborer avec la Caritas argentine au plus fort de la crise financière qui a frappé ce pays entre 2001 et 2004.
Les contacts avec l’archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio, étaient à ce moment-là très fréquents. On parlait de l’appauvrissement des gens qui s’étaient retrouvés totalement démunis, n’avaient plus d’argent, qui subissaient même des prélèvements forcés sur leurs compte en banque à cause de la crise. Nous pouvons témoigner que cette question des pauvres, cette attention à leur égard, a toujours été au cœur de l’organisation ecclésiale et de l’action pastorale du nouveau pape, mais aussi de son style de vie personnel.
Aujourd’hui tout le monde découvre qu’il utilisait les transports publics, cuisinait lui-même, mais avant ça n’était pas un scoop, cela faisait partie de sa vie de tous les jours. On dit qu’il est un bon communicateur, et c’est vrai, il l‘est, mais c’est parce que ce qu’il dit, il l’a appliqué dans sa vie personnelle et dans son diocèse. On peut dire que son choix a d’abord été un choix franciscain bien avant qu’il ne choisisse de s’appeler François.
Le Pape parle aussi d’une pauvreté qui n’est pas seulement matérielle …
P. Beccegato: C’est une note en plus par rapport aux jours passés mais qui colle avec le message au Corps diplomatique. Le Pape a parlé d’une « dictature du relativisme », déjà soulignée par Benoît XVI, pour dire qu’à force de ne se mesurer qu’à soi-même, on finit par entrer en conflit avec l’autre et en guerre.
François donne la vision anthropologique chrétienne d’un homme ouvert à la transcendance, comme un pas vers la paix entre les personnes et entre les peuples. Cette année, nous célébrons les 50 ans de l’encyclique « Pacem in terris », dans laquelle Jean XXIII faisait de la vérité un « pilastre » pour la paix, la paix avec un grand « V », c’est à dire le Christ : si je ne suis pas au centre du monde, mais ouvert à la relation, alors l’autre ne sera pas pour moi un adversaire, un ennemi.
Quel message le pape François lance-t-il donc aux gouvernements?
P. Beccegato: Charité, paix, et sauvegarde de la Création : voici les trois clefs de lecture de son pontificat. Traduites en actions pour les Etats et pour la diplomatie cela signifie : plus de politiques pour les pauvres, plus d’équité sociale ; recherche de solutions non violentes entre les nations; recherche d’accords politiques contraignants contre la dégradation de l’environnement, la déforestation, la pollution.
Le pape François a utilisé une expression forte: « Ne pas exploiter la terre avec avidité ». Lue d’en bas, au niveau de chacun de nous, cela signifie faire attention aux pauvres et à la distribution des richesses; lue d’en haut, au niveau des gouvernements, cela signifie, par exemple, mettre en œuvre le protocole de Kyoto sur l’environnement ou ne pas répéter le demi échec du sommet de Doha sur le climat.
Les premiers gestes et les premières paroles de François suscitent un grand enthousiasme : pensez-vous que les gens seront plus attentifs à ces questions?
P. Beccegato: Toutes les personnes que je rencontre ou que j’entends au fil de mes contacts internationaux, sont très frappées par le pape François : Je pense que la Providence envoie toujours le pape juste pour chaque époque. Benoît XVI, avec son style doux mais ferme, pointant son doigt contre le relativisme comme vision philosophique et éthique, a été une référence forte pour une époque qui manquait de repères.
François est le premier pape latino-américain et c’est pour les gens un message de grande nouveauté, car il a vécu des expériences, il a partagé sa vie, avec les pauvres. L’Eglise est « mater et magistra », c’est-à-dire à la fois "mère et maîtresse". Autrefois, elle a été peut-être plus « maîtresse », mais maintenant elle sera plus « mère ».
Le message ne change pas, c’est toujours l’Evangile, sauf qu’il est expliqué de manière différente, avec un autre ton et dans un autre style.
(Traduction Isabelle Cousturié)