« Les congrégations générales sont nécessaires pour comprendre la personnalité des cardinaux », soulignent les médias italiens
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Une des tâches principales du nouveau pape sera de réformer la Curie romaine et l’Eglise. C’est ce que l’on entend dire le plus en cette période de pré conclave, durant laquelle les cardinaux ont commencé à se réunir pour analyser les sujets qu’ils devront affronter en priorité et pour mieux faire connaissance.
L’un des cardinaux électeurs, le cardinal Walter Kasper, l’a d’ailleurs bien expliqué : L’objectif de leurs rencontres est celui de découvrir la personnalité des divers prélats, beaucoup plus importante que leur âge ou leur nationalité.
Il ne s’agit pas de « petits conciliabules », comme on entend souvent dire, et il ne s’agit pas non plus de sceller des accords, une chose de toute façon totalement « interdite ». Il s’agit de parler les uns avec les autres, de faire connaissance et puis de se faire une idée peu à peu de la personnalité de chacun. C’est d’ailleurs pour cela, a dit le cardinal Kasper que certains cardinaux, comme lui-même, ne souhaitent pas trop avancer la date du conclave. Il estime que « faire connaissance » est important et que cela demande du temps ».
Le pape que tout le monde attend est un pape « réformateur ». Car, sans changement décisif à divers niveaux de la vie de l’Eglise et de ses institutions, la reprise de l’évangélisation « ne peut pas décoller », lit-on dans la presse italienne. En effet, disent la plupart des commentateurs, dans beaucoup de pays, « certains aspects du visage de l’Eglise constituent, paradoxalement, une entrave à cette approche harmonieuse avec le monde, ils empêchent l’estime réciproque, la disponibilité au dialogue, deux éléments indispensables pour transmettre la foi aux hommes » (Corriere della Sera, 1° marzo).
La réforme devrait partir de la Curie, où se vérifient des phénomènes que le cardinal Kasper trouve « profondément inquiétants », comme « la corruption, ou des histoires ayant trait à la sexualité, à des aspirations carriéristes ou de pouvoir ». Tous ces phénomènes sont « très humains », mais ils « ne devraient pas exister à la Curie, ou exister de manière sensiblement moins importante comparé à d’autres milieux ». Même si certaines campagnes médiatiques donnent une image « certainement faussée » de la Curie romaine, « il ne fait aucun doute que certains ecclésiastiques offrent trop souvent l’occasion d’écrire certains articles » (La Stampa, 4 mars).
Quoi qu’il en soit, la sainteté personnelle de ceux qui œuvrent à la tête des institutions ecclésiastiques ne résout pas le problème, car de toute façon, beaucoup de gens vivent l’Eglise sans y être vraiment, ne découvrant son visage que lors des manifestations « publiques ». C’est en ce sens que le prieur général des camaldules, dom Alessandro Barbán, insiste sur l’importance de la « transparence » au sein de l’Eglise, « non seulement pour sa crédibilité et sa légitimité auprès des croyants, mais aussi comme ‘papier tournesol’ décisif pour ceux qui regardent l’Eglise de l’extérieur et qui ne sont pas forcément des croyants » (L’Unità, 4 mars).
Pour le directeur de « L’Osservatore Romano », Giovanni Maria Vian, « la gouvernance de l’Eglise » sera la clef de voûte du conclave. Dans ce contexte, il faudrait épurer les organismes de la curie et envisager de revenir aux rencontres régulières entre les chefs de dicastères et le pape pour que ce dernier ait plus d’impact, envisager des réunions plénières plus fréquentes (pas seulement deux ou trois fois par an), des réunions entre cardinaux avec un agenda précis, des sessions synodales en tablant sur un ou deux thèmes spécifiques et non des assemblées générales sur des questions très vastes comme la nouvelle évangélisation (Il Fatto Quotidiano, 3 mars) .
Pour que cette réforme ait lieu, le cardinal pense qu’il faut un pape doté « d’une grande volonté et d’une bonne résistance » : « celui-ci ne peut se limiter à dire : à partir de demain nous faisons autrement. Il doit aussi s’imposer ».
Le futur pape ne doit donc pas savoir seulement « diriger », mais il doit être aussi un « pasteur profondément spirituel », un homme capable d’annoncer l’Evangile dans une société « qui n’est pas athée, mais qui s’est fabriquée des idoles : l’argent, le succès, l’apparence ».
L’Eglise aussi a besoin d’une réforme profonde, car « l’unité est importante mais dans une loyale multiplicité ». L’aspect « collégial » entre les évêques est important et il doit être mis en valeur sans qu’il faille attendre « la convocation extraordinaire d’un concile œcuménique pour être appliqué (Corriere della Sera), 1° mars).
Ce qu’il convient le plus, et plus que tout, c’est de partir de l’intention fondamentale de Benoît XVI qui « a voulu remonter aux origines apostoliques, repartir de l’Evangile, et qui a voulu donner un nouveau départ à l’Eglise en partant de l’essence de la foi » (Corriere della Sera, 2 mars).