Benoît XVI n’est pas le premier pape à présenter sa démission conformément au droit de l’Eglise : il y a au moins trois précédents
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Il existe au moins trois cas de démission dans l’histoire de l’Eglise.
Benoit IX a exercé la charge pontificale à trois reprises au début du 11ème siècle. Dans des circonstances troubles, et lui-même n’étant pas un personnage au-delà de tout soupçon, il dut, à chaque fois, se retirer. Il finit sa vie dans un monastère.
Tout au contraire, Célestin V, fut tiré de son ermitage par une élection à l’unanimité (1294). Les mêmes cardinaux qui l’avaient élu acceptèrent qu’il démissionne cinq mois plus tard.
A l’époque du Grand Schisme (1378-1417), diverses factions avaient élu leur propre pape. Finalement, trois papes revendiquaient le titre. Grégoire XII, que l’Eglise considère a posteriori comme le seul légitime, accepta de démissionner pour sortir de la crise. Les deux autres, qui avaient pris les noms de Jean XXIII et Benoît XIII, furent destitués par le concile de Constance.
Les derniers papes l’ont envisagé.
Pour des raisons différentes, les derniers papes ont envisagé une démission éventuelle. Mais cela n’a été connu qu’après leur mort.
Le pape Pie XII avait pris ses dispositions au cas où il aurait été enlevé par les nazis. Il laissait une lettre de démission et convoquait un conclave, tant qu’il en avait la liberté, ou, dans le cas inverse, demandait aux cardinaux de se réunir dans un pays libre pour élire un successeur.
Le pape Paul VI, souffrant physiquement et déçu par les suites immédiates du concile Vatican II, aurait envisagé de quitter sa charge mais y aurait renoncé pour ne pas créer un traumatisme plus grave dans l’Eglise.
Avec le pape Jean Paul II, nous sortons des hypothèses historiques et des témoignages. Il avait écrit une lettre confiant à un groupe de cardinaux de décider s’il était définitivement incapable d’exercer ses fonctions.
Le pape Benoît XVI, que ce soit avant ou après son élection, a déclaré qu’une démission est possible si le pape sent qu’il n’a plus les forces physiques, psychiques ou spirituelles lui permettant de porter la charge.
Compte tenu de plusieurs facteurs, la question est légitime. L’éventualité d’une renonciation à sa charge est mentionnée dans le droit de l’Eglise.
L’allongement de la vie pose évidemment la question. En 1910, le pape Léon XIII avait quatre-vingt-treize ans quand il mourut. Or déjà dix ans auparavant, on le disait très faible et les textes de l’époque montrent que, sans trop oser le dire, on se demandait jusqu’à quand la situation serait tenable.
Compte tenu de l’allongement de la vie et de forces déclinant avec l’âge, le Droit en vigueur dans l’Eglise invite tous ceux qui exercent une charge dans l’Eglise à présenter leur démission à soixante-quinze ans. Il en est ainsi pour les évêques et même pour les cardinaux en responsabilité à Rome. A quatre-vingts ans, les cardinaux cessent même d’être électeurs. Observons, cependant, que toutes les démissions présentées ne sont pas acceptées. A qui le pape pourrait-il présenter sa démission ?
Un autre aspect de la question est l’évolution de la charge. Même si l’exercice de la primauté romaine devenait moins centralisé, Rome se trouve au centre d’un nombre d’informations et de problèmes sans cesse grandissant. Imagine-t-on désormais un pape qui ne pourrait plus voyager ? Inversement, par sa manière de vivre la maladie et de ne pas la cacher, le pape Jean Paul II a montré que la charge du pape n’est pas celle de « manager » d’une multinationale ou d’un Etat. Son exemple a impressionné les foules. Mais où sont les limites ?
Le Droit de l’Eglise déclare : « S’il arrive que le Pontife Romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu’elle soit dûment manifestée, mais non pas qu’elle soit acceptée par qui que ce soit » (canon 22, paragraphe 2).