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Quelle est la situation des chrétiens de Terre Sainte ?

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Jacques Perrier - publié le 29/01/13
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Les chrétiens de Terre Sainte sont de moins en moins nombreux et confrontés à la situation explosive de la région

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La présence chrétienne en Terre Sainte est ininterrompue depuis les temps apostoliques. Les chrétiens de Terre Sainte portent, cependant, un double handicap : pour Israël, ce sont des Palestiniens ; pour les islamistes, ce sont des complices de l’impérialisme américain. Nous pouvons les soutenir de diverses manières.

1. Il faut faire plusieurs distinctions : entre chrétiens « de » Terre Sainte et chrétiens « en » Terre Sainte ; entre chrétiens de différentes zones ; entre chrétiens et Eglise.

Les chrétiens « de » Terre Sainte sont les descendants, à travers bien des vicissitudes, des premières communautés chrétiennes du pays. Un Père de l’Eglise comme Justin, au 2ème siècle, est un chrétien de Naplouse, un palestinien.

L’appellation « palestiniens » désigne spécialement les habitants des Territoires occupés. Mais il ne faut pas oublier les citoyens israéliens, non juifs, de la Galilée (Nazareth, par exemple), la Galilée faisant partie de l’Etat d’Israël dans ses frontières reconnues par l’ONU. Le cas de Jérusalem est spécifique : « capitale éternelle de l’Etat d’Israël » avec une population palestinienne importante. Selon les lieux, la situation n’est pas la même, mais comporte un point commun : la diminution numérique.

Aujourd’hui, par l’immigration russe qui amena bon nombre de femmes chrétiennes mariées à des juifs, et par l’arrivée en Israël de travailleurs venant de pays où les chrétiens sont nombreux (comme les Philippins), la population chrétienne n’est plus exclusivement palestinienne. Il existe même une petite communauté catholique de langue hébraïque

L’Eglise est présente en Terre Sainte sous d’autres modes que les communautés paroissiales palestiniennes. En se limitant à l’Eglise catholique, citons les nombreuses communautés religieuses, des institutions comme l’Ecole biblique de Jérusalem et les milliers de pèlerins qui assurent un lien avec tous les pays du monde.

2. Les chrétiens de Terre Sainte sont peu nombreux, de moins en moins nombreux. Ils appartiennent à plusieurs confessions chrétiennes.

On estime que vers 1900, les chrétiens représentaient 17% de la population, l’élément juif étant très faible. Cette proportion oscille aujourd’hui, selon les zones, entre 1 et 3%. A Jérusalem, en 1948, les chrétiens étaient 29 500. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 10 000 sur une population urbaine qui avoisine le million. En Jordanie, qui fait partie du patriarcat de Jérusalem, ils sont 6% mais, à cause de la situation politique, la communication avec les chrétiens à l’ouest du Jourdain est difficile.

La faible proportion de chrétiens s’explique par l’arrivée massive des Juifs, par une natalité qui fut longtemps beaucoup plus forte dans la population musulmane et par l’émigration. Celle-ci est ancienne et concerne tous les pays du Proche et Moyen Orient. Elle a été favorisée par un haut niveau culturel et par le fait de retrouver une communauté chrétienne dans tous les pays occidentaux. L’émigration s’est accélérée avec l’insécurité mais surtout avec l’absence de débouchés professionnels correspondant aux diplômes obtenus. Dans beaucoup de familles palestiniennes, il ne reste qu’un seul membre en Terre Sainte. En majorité, les chrétiens palestiniens vivent dans la Diaspora.

Peu nombreux sur place, les chrétiens se répartissent aussi en une multitude de confessions chrétiennes, catholiques ou autres. A l’intérieur même de l’ensemble catholique, il existe plusieurs rites : romain, grec, arménien, maronite, syrien, chaldéen. Le groupe chrétien le plus important est grec orthodoxe.

Au Saint-Sépulcre, le rapport entre ces différentes communautés est parfois tendu : il y a forcément compétition sur un lieu étroit auquel toutes les confessions chrétiennes sont attachées puisque c’est la référence de toute foi chrétienne.

En dehors des Lieux Saints, les relations entre les diverses communautés sont beaucoup plus cordiales : un accord pratique a été trouvé pour la date des célébrations de la Nativité et de la Résurrection.

3. Les chrétiens de Terre Sainte comme les musulmans  sont, avant tout, du pays. Leur inquiétude principale, c’est la situation explosive de toute la région.

A Jérusalem, chrétiens comme musulmans ont le sentiment d’être progressivement encerclés par de nouvelles implantations juives. Dans les Territoires, même pour la partie évacuée par Israël, la situation est ressentie par tous comme très précaire. Dans cette poudrière qu’est le Proche Orient, la guerre peut reprendre à chaque instant. Les communications sont difficiles et, de ce fait, l’économie est atone, sans même parler de Gaza. Le mur de séparation, les contrôles aux chek-points, les nouvelles colonies affectent autant les musulmans que les chrétiens. Israël, d’ailleurs, ne fait pas de différence entre eux.

L’exaspération devant l’absence de perspective et le désir de vivre en paix et en sécurité sur sa propre terre sont partagés par l’immense majorité des habitants, quelle que soit leur appartenance religieuse.

4. Sur l’avenir, les points de vue sont différents selon les interlocuteurs. Tous demandent que les chrétiens d’ailleurs ne les oublient pas.

La guerre d’Irak a compliqué la situation des chrétiens. Ce qui est perçu dans les pays arabes comme  une invasion américaine est imputé à l’Occident chrétien. Le souvenir des croisades, réduites à un cliché impérialiste, resurgit.

Les chrétiens de Terre Sainte regardent certainement avec beaucoup d’attention ce qui se passe  depuis le déclenchement du Printemps arabe. Comment les partis islamistes au pouvoir vont-ils se comporter ? Les motifs de crainte ne sont pas illusoires.

Dans un entretien accordé à « Liberté politique » le 24 février 2012, Mgr Sabbah, ancien patriarche de Jérusalem, s’exprime clairement à ce sujet. S’il n’y avait pas les stratégies des Etats défendant leurs propres intérêts, si les populations chrétiennes et musulmanes étaient laissées entre elles, elles pourraient très bien coexister comme elles l’ont fait depuis des siècles, plutôt bien que mal. Mais les manipulations sont toujours possibles. Alors, dit-il tout en affirmant que ce n’est pas la perspective la plus probable, il faut accepter d’aller jusqu’au martyre.
Il ne faut pas oublier, non plus, que l’intégrisme juif progresse. Il pose d’ailleurs problème à l’intérieur même de la société israélienne.

Une des chances des petites communautés chrétiennes présentes en Terre Sainte, c’est d’être visitées par des coreligionnaires venant de tous les pays du monde. A cet égard, la diversité des confessions est plutôt un atout. Quand des gens souffrent, ils ont forcément l’impression que personne ne s’intéresse à eux. A son retour dans son pays, le pèlerin ne sait plus quoi penser sur le « problème israélo-palestinien ». Mais, au moins, il aura donné le signe que la Terre Sainte lui tenait à cœur et, sur cette Terre, ceux qui y vivent.
 

Mgr Jacques Perrier

Ancien évêque de Tarbes et Lourdes

Pour aller plus loin : sites du Vatican, du Patriarcat latin de Jérusalem (PLJ), de l’Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

 

 


 

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